Aubigné

La commune d’Aubigné-Racan, anciennement Aubigné, dans le sud du département de la Sarthe, est une commune riche d’un passé historique. Comme dans d’autres communes de la vallée du Loir, plusieurs mégalithes témoignent d’une importante présence humaine dès le néolithique. Le site de Cherré, niché dans un méandre du Loir, est occupé depuis l’antiquité. Sur ce site, les fouilles archéologiques ont mis à jour des mégalithes, une nécropole de l’âge du bronze et du Hallstatt ainsi qu’un théâtre gallo-romain. Plus au nord, les toponymes Le Pont de cœur et Le Sablon de cœur témoignent d’un ancien curum, un domaine agricole de l’époque gallo-romaine ; ceux de la Basse-Motte et de la Haute-Motte d’une motte castrale bâtie au haut Moyen-Âge.

Le site archéologique d’Aubigné Racan (Lmtv Sarthe, 10 mn)

Le Plessis

«Le Plessis» est un toponyme fréquent dans l’Ouest et le Centre de la France. Au Moyen-Âge, il désigne un domaine, manoir ou château, clôturé par des palissades ou une haie vive d’arbres aux branches entrelacées (du latin plectere, «plier», ancien français plaissier). Le Plessis d’Aubigné est un ancien fief (un fief est un domaine concédé par un seigneur à un vassal) attesté dans des documents du XVIe siècle, il appartient alors à Christophe Lesève, sieur du Plessis. Les bâtiments actuels datent pour partie du XVIe et XVIIe siècle. Ils ont été ensuite agrandis et remaniés comme en témoignent quelques incongruités architecturales : le four à pain construit à l’extérieur du logis principal se trouve maintenant à l’intérieur.

Le moulin à eau, bâti au XVIIe siècle, a été rénové au milieu du XIXe siècle et conserve son matériel à l’exception de la roue. Sa construction n’allait pas de soi, puisque le cours d’eau naturel est assez éloigné. Les travaux hydrauliques ont été conséquents, le canal artificiel d’amenée est long de plus d’un kilomètre ; le cours d’eau a été, lui, détourné de plusieurs centaines de mètres pour pouvoir rejoindre le canal de fuite en aval. Au final, le moulin offre une chute d’eau de quatre mètres de haut.

Une monographie locale

Dans ses Recherches historiques sur Aubigné et Verneil, Maine (1857), Fortuné Legeay, un historien local, consacre une petite monographie au Plessis. Il écrit (p. 215-218, notes et références omises) :

Le fief du Plessis, situé dans la paroisse d’Aubigné, relevait à foi et hommage de la seigneurie de Bossé, ainsi qu’il est constaté par les déclarations du 22 juin 1540, 25 octobre 1559, 20 octobre 1605 et par l’aveu du 9 septembre 1669, rendu par messire François de Sarcé, au seigneur de Bossé. En 1752, le Plessis appartenait à, messire Pierre de Sarcé et en 1781 à messire Louis-Pierre-Antoine de Sarcé, chevalier, seigneur de la Cour de Sarcé, à Sarcé, de Bossé , le Jacob, le Colombier, la Persillière , etc.

On lit dans un Registre de fois, hommages et dénombrements dus à la seigneurie de Bossé : «Le 19 septembre 1781, Marie-Joseph Jamin, marchand à la Flèche, lequel pour satisfaire aux lettres patentes, avoir pris communication des titres de la seigneurie de Bossé, appartenant à messire Louis-Pierre Antoine de Sarcé, chevalier, seigneur de la Cour de Sarcé, Bossé, le Plessis, le Jacob, le Colombier, la Persillière et autres lieux, notamment de l’aveu du fief et moulin du Plessis, du 9 septembre 1669, rendu par messire François de Sarcé à messire François de Laubespin, seigneur de Bossé, des fois et hommages, aveux et déclarations rendus par Cristofe Leseve, sieur du Plessis, et Joseph Leseve, marchand, fils et héritier dud. Cristofe Leseve, auteur de lepouse du sieur Jamin, en date du 18 novembre 1686 et 11 juillet 1742, le tout en forme, reconnois, le dit Jamin, tenir du fief et seigneurie du Plessis a foy et hommage simple, le morceau de terre compris dans l’aveu ci-après qu’il doit à la dite seigneurie, pourquoi a prié le seigneur de Sarcé à vouloir bien le recevoir à la foy et hommage, à quoi il a été admis, s’étant mis en devoir de vassal, tel qu’il lui est prescrit par les ordonnances et coutume, a promis et juré ez mains du seigneur de Sarcé, la foy et hommage sur les offres de rendre par ces présentes son aveu, et de payer le devoir de 6 deniers de service annuellement dus au jour de Toussaint, pour raison dun morceau de terre appelé la Pelouse, situé à Aubigné, contenant 1 arpent 112, à foy et hommage de Marie Lebechu, ve Emery Cador, du 2 septembre 1630 et dudit aveu de 1669. Suit la déclaration censive que doit le sieur Jamin au fief et seigneurie du Plessis : son moulin tournant, virant du lieu du Plessis, à Aubigné, bâtiments, cour, issues, jardin, le tout contenant 40 chainées; un autre morceau de 20 chainées en jardin; le pré du moulin d’un arpent; une pièce de terre en pasture et aulnés, appelée la Fontaine, joignant les terres des religieux de la Boissière et autres ; une pièce de terre appelée Laveury, contenant un demi-arpent. Pour raison de ces articles, le comparant confesse devoir chacun an, à la recepte de cette seigneurie, qui se fait au fief du Colombier, 2 chapons 1 sol et 6 den. de cens et rente seigneurial et féodal, lesquels ils reconnoissent servir et continuer à l’avenir, et toutes autres obeissances dues au seigneur de fief conformément à la coutume du Maine, etc. »

La terre du Plessis et le moulin de ce nom appartiennent aujourd’hui à M. Houdayer.

La grande maison seigneuriale du Plessis n’offre rien de remarquable par sa construction.