Chronologie de la vie de Niwa Rempō zenji 丹羽廉芳禅師, 77e abbé du monastère d’Eiheiji

  • Il naît le 23 février 1905, à Uryūno (aujourd’hui dans la ville d’Izu, préfecture de Shizuoka), le troisième fils d’une famille Shioya, son père se prénomme Katōda, sa mère Mura. Il reçoit le prénom de Ren 廉 («intègre, honnête»).
  • Le 8 avril 1916, il entre au temple Tōkei’in, à Shizuoka, dont l’abbé est son oncle, Niwa Butsuan.

L’entrée au Tōkei’in à l’âge de douze ans

Ma famille était affiliée au temple Jōtoku’in à Uryūno. Le maître Kagashima Sōjun en était l’abbé. Par la suite, celui-ci a assumé le poste de directeur (kannin) du monastère de Sōjiji à Tsurumi pendant de nombreuses années. Il fut également administrateur général (shūmusōchō) de l’école sōtō. Son fils aîné est le respecté professeur de littérature Kagashima Genryū, un spécialiste de la tradition sōtō.
Quand j’eu douze ans, le service commémoratif pour le septième anniversaire de la mort de mon grand-père fut conjointement dirigé par Kagashima Sōjun du Jōtokuin, et par celui qui allait devenir mon maître, Niwa Butsuan. Mon maître, Butsuan, était le deuxième fils de mon grand-père Kishirō et le cadet de mon père Katōda. Butsuan avait reçu l’ordination de Niwa Bukkan du temple de Ryūun’in, qui se trouve aujourd’hui dans la ville de Shimizu à Shizuoka. Butsuan était alors l’abbé du temple de Tōkei’in à Shizuoka.
Je me souviens que la couleur pourpre de la robe que mon maître portait lors de ce service commémoratif me plaisait, j’étais fasciné et et cela m’a donné envie de porter un tel kesa. Je me suis dit : « Moi aussi, je veux devenir un prêtre ! » Ce soir-là, je m’en suis ouvert à tous les membres de ma famille qui étaient réunis autour du feu. Mon père a approuvé et il a dit : « Je vois. Comme nous avons tant d’enfants, Ren, nous pourrions demander au temple de ton oncle de s’en occuper ? » Cependant, ma mère, Mura, n’était pas d’accord : « Avant qu’il n’entre à l’école primaire, il m’aidait déjà à débarrasser les vers à soie de leurs déjections, à préparer les nouilles udon et à porter le riz au décorticage. Nous avons dix enfants, mais je ne veux pas le laisser partir. » Finalement, après avoir été convaincue par ma famille, ma mère accepta à regret.
Mon Maître, Butsuan, s’en est félicité en disant : « Il faut célébrer cela, même notre maître fondateur, Dōgen n’avait que quatorze ans lorsqu’il a été ordonné ! ». Dans mon cœur d’enfant, j’ai pensé : « Oh!, je vais devenir moine à peu près au même âge que le fondateur ! », et je me souviens de mon excitation comme si c’était hier. Ce jour-là, j’ai rassemblé mes affaires et je suis parti le lendemain après-midi pour Shizuoka. C’était en 1916, le 8 avril, et j’étais en sixième année d’école primaire.
Niwa Rempō,  La fleur de prunier s’ouvre. Au mitan de ma vie (梅華開-わが半, autobiographie éditée par le temple de Tōkei’in, 1980)

  • Le 8 septembre 1918, il reçoit l’ordination de Niwa Butsuan au temple de Tōkei’in. Il prend le nom monastique de Zuigaku Rempō.

L’origine de mon nom de moine

C’était le 8 septembre 1917 (ou 1918 ?). Pour mon ordination, mon maître Butsuan sollicita le maître zen Kitano Gempō, le 67ème abbé du monastère d’Eiheiji, un homme décrit comme un grand pilier défenseur du dharma, de me donner un nom : « Maître zen, pourriez-vous choisir un nom pour ce petit moine qui a été laissé à ma charge ? » Il répondit : « Je vois. Et bien, son nom est Ren 廉 (« intègre »), ce qui est un bon nom. Mais un seul caractère ne suffit pas pour un nom de moine, nous pourrions utiliser un caractère de mon propre nom, hō/pō 峰 (« pic, aiguille »), mais l’image est anguleuse, et nous ne voulons pas qu’il devienne un petit moine trop rugueux. Utilisons un caractère qui se prononce de la même façon, hō/pō 芳 (« parfum »), cela donne Rempō » 廉芳 (« Parfum d’intégrité »). C’est ainsi que je suis devenu Rempō. Mon [autre] nom, Zuigaku 瑞岳 (« Pic montagneux de bon augure »), a un sens auspicieux.
(La fleur de prunier s’ouvre. Au mitan de ma vie)

  • En 1919, il entre au collège Nirayama dans la préfecture de Shizuoka, puis en 1924 dans l’ancien lycée de Shizuoka.
  • En 1926, il reçoit la transmission du dharma (dempō) de Niwa Butsuan.
  • En 1927, il entre à la Faculté de lettres de l’Université impériale de Tokyō, section philosophie indienne. Après son admission à l’école, il devient l’abbé du Kōunkan 耕雲軒 (aujourd’hui le Kōunji) à Tōkyō.
  • En mars 1930, il est diplômé de l’Université impériale de Tōkyō. Après avoir obtenu son diplôme, il retourne au temple de Tōkei’in pour occuper le poste de directeur (kansu).
  • En avril 1931, sur la recommandation d’Etō Sokuō, il entre à l’Académie du bosquet des bambous pourpres (Shichikurin gakudō) au temple d’Antaiji à Kyōto. Il alterne avec le département de recherche de l’université Otani où il poursuit des études sur l’école tendai.
  • En octobre 1932, il participe à la retraite (ango) d’automne au monastère d’Eiheiji.
  • En octobre 1933, il quitte Eiheiji.
  • En septembre 1934, il devient l’abbé du temple d’Ichijōji 一乗寺 à Ihara, dans la ville de Shimizu, Shizuoka.
  • En avril 1936, il est nommé maître de conférence en charge de la doctrine (shūjō dantō kōshi) à l’occasion de l’ouverture de Tōkei’in en tant que centre d’entraînement (senmon sōdō).
  • En décembre 1939, à l’âge de 35 ans, il prend le nom de famille Niwa.

Le nom de famille Niwa

Suivant les traces de mon maître, j’ai changé mon nom de famille Shioya en Niwa en décembre 1939. En partant à la guerre, Eshu, mon jeune condisciple, a dit : « Si je meurs au combat, j’aimerais revenir en portant le nom de Niwa. » Notre maître a dit : « Tu es mon dernier disciple, il n’est pas logique que tu sois le seul à porter le nom de Niwa. Je vais tout d’abord mettre Ren dans le registre familial, puis t’inclure après lui ». C’est ainsi que le maître nous a enregistrés, Eshu est devenu son petit-fils.
Notre maître, qui se voyait vieillir, pensait qu’il ne serait peut-être plus en vie si Eshu revenait sain et sauf de la guerre. Je pense donc qu’à l’époque, il avait cet esprit de grand-mère et qu’il voulait aussi que je prenne soin des choses à l’avenir. Mais Eshu n’est pas revenu vivant. Il a été la victime d’une guerre inutile.
(La fleur de prunier s’ouvre. Au mitan de ma vie)

  • En 1941, retraite formelle de trois mois (ango) au temple Ichijōji. Le 8 décembre 1941, début de la guerre entre le Japon et les États-Unis.

L’évacuation des enfants des écoles

Un stage de formation des infirmières de santé publique organisé par le département préfectoral de la santé avait lieu chaque année à Ichijōji. En 1944, cent huit écoliers évacués sont arrivés pendant ce stage. Les enfants évacués dormaient dans le pavillon principal, leurs professeurs dans le pavillon de Bishamon et les infirmières au rez-de-chaussée des cuisines.
Les enfants évacués à Ichijōji étaient des élèves de sixième année de l’école primaire Kakezuka à Shibuya, Tōkyō. Les élèves de cinquième année ont été évacués au temple Shinju’in dans le village voisin d’Umegaya ainsi qu’au temple Hokaiji à Ōuchi. Ceux de quatrième année l’ont été aux temples de Ryūun’in, de Shinnyo’in et de Minemoto’in à Nishikubo.
Leurs cœurs fondaient en larmes à l’évocation de leur foyer, et une semaine plus tard, j’ai eu l’idée de les soulager en les faisant s’immerger dans la récitation des sūtras. Je leur ai demandé de participer aux cérémonies du matin et du soir. J’ai acheté pour chacun d’entre eux un exemplaire du Livre des sūtras pour les fidèles laïcs.
Devant le vénéré principal, les cent-huit se sont alignés de part et d’autre avec moi au centre, et avec le rythme du tambour, nous avons récité jour après jour un chapitre du Sens de la pratique et de la réalisation (Shushōgi). Les enfants ont une mémoire étonnante, et tout le monde a pu chanter l’ensemble en l’espace d’un mois.
En octobre, deux mois après l’arrivée des enfants, les mandarines mikan de la montagne située derrière le temple Ichijōji sont arrivées à maturité et on a récolté environ sept tonnes et demie de fruits. Cette année-là, nous avons décidé de ne pas en envoyer une seule mandarine à la coopérative et de tout donner aux enfants. Les membres de l’Association des femmes d’Ihara les ont apportées avec leurs charrettes et les ont distribuées. En décembre, il y a eu une journée de visite des évacués, et j’ai demandé à tous les parents de rapporter ces mandarines chez eux en guise de souvenir. Cela fait trente-cinq ans, et chaque année lorsque les mandarines arrivent à maturité, nous continuons d’organiser un rassemblement d’anciens évacués en souvenir.
Les enfants sont retournés à Tōkyō après avoir obtenu leur diplôme en mars 1945. Cependant, comme les bombardements aériens avaient causé de graves incendies et destructions, Otsuka Shōju, qui est aujourd’hui l’abbé du temple de Ryūun’in, a été recommandé par tous et je me suis senti obligé de le prendre comme disciple en leur nom. Il a été élève au lycée de Ihara. J’ai eu plus de trente disciples, mais Otsuka Shōju est l’un de ceux qui m’ont le plus marqué.
(La fleur de prunier s’ouvre. Au mitan de ma vie)

  • Avril 1949, il devient abbé du temple de Ryūun’in 龍雲院 à Nishikubo (Shimizu, préfecture de Shizuoka).
  • Le 10 mars 1952, il est nommé à la commission interne de l’école sōtō.
  • le 10 juin 1953, il est promu missionnaire délégué spécial (tokuha fukyōshi).
  • Le 4 novembre 1955, il prend la charge du temple de Tōkei’in à Shizuoka.
  • Le 6 juin 1960, il est nommé directeur (kannin) du temple divisionnaire d’Eiheiji à Tōkyō (Eiheiji betsu’in).

Directeur de Eiheiji Betsu’in à Tokyō

J’ai été nommé directeur du temple Eiheiji Betsu’in à Tōkyō en 1960.
En mai, je m’étais rendu à Eiheiji afin de participer à un groupe d’étude des instructeurs supérieurs de la tradition des chants liturgiques baika. J’ai eu une audience avec le maître zen Kumazawa Taizen : « Révérend Niwa, êtes-vous déjà passé chez le révérend directeur [d’Eiheiji] ? Si ce n’est pas déjà fait, allez-y. » Je me suis immédiatement rendu auprès du directeur, Satō Taishun, et il m’a dit : « Après avoir consulté l’abbé, je vous ai recommandé pour le poste de directeur du temple divisionnaire de Tōkyō. »
Je l’ai remercié pour sa faveur, mais je suis parti en me contentant de répondre : « Après tout, mon maître a été affecté à cet office pendant dix-huit ans et il est resté éloigné de son propre temple. Mais si je m’absente à mon tour, je ne sais pas comment réagira le représentant des familles de fidèles. Je vais donc en discuter avec lui avant de donner ma réponse ».
Lorsque j’ai en discuté avec lui, le représentant m’a dit : « Vous devez développer le temple divisionnaire de Tōkyō avec la même détermination que maître Butsuan, votre prédécesseur, allez-y. »
J’ai donc décidé de partir pour Tōkyō. Le 6 juin, le directeur Satō Taishun qui était aveugle, est venu me rendre visite pour m’apporter la lettre de nomination.
Je suis arrivé dans la capitale le 24 juin, des gens du temple divisionnaire et des membres de la guilde de baika étaient venus m’accueillir à la gare de Shimbashi. Il y a eu une cérémonie d’installation et j’ai salué [la statue du] vénéré principal [du temple].
Les dix-huit années qui ont suivies et jusqu’en 1977, j’ai rempli ma tâche sans difficultés.
(La fleur de prunier s’ouvre. Au mitan de ma vie)

  • Le 5 aoūt 1965, il devient professeur certifié de la guilde de baika de l’école sōtō en même temps qu’il est nommé membre de la commission consultative de la guide de baika.
  • Le 4 aoūt 1973, il est promu préfet auxiliaire (gondaikyōsei [le second rang le plus élevé de l’école sōtō, le numerus clausus est de trente personnes]).
  • Le 25 juin 1976, il est élu abbé-adjoint du monastère-siège d’Eiheiji.
  • En février 1984, il prend la charge du temple de Shuzenji dans le district deTakata, préfecture de Shizuoka.
  • En janvier 1985, il devient le soixante dix-septième abbé du monastère d’Eiheiji. Il reçoit le titre honorifique de maître zen « Clarté compatissante, Océan de plénitude » (Jikō Enkai zenji).
  • Le 7 septembre 1993, il meurt au temple Tōkei’in. Il était âgé de 89 ans.

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