Le bouddhisme n’existe pas, Un livre d’Éric Rommeluère publié par les Éditions du Seuil (2011).
Le bouddhisme n’existe pas : à propos du titre
Le titre n’a rien d’une fantaisie littéraire. Il fait directement écho à la phrase de Nāgārjuna, le grand saint bouddhiste, dans ses Stances du milieu : «À personne et nulle part, le Bouddha n’a jamais rien enseigné.» Depuis Nāgārjuna, aucun auteur n’a égalé la puissance de cette formule qui dévoile à nu le cœur des enseignements. Pour tenter de la percer, l’argument du livre se déploie autour de trois thèmes congruents : la mystique, l’antimétaphysique et la métaphore.
Le dharma est une exercice mystique. C’est un arrachement aux opinions, aux jugements, aux attentes et aux désirs. Les traditions de la Grandeur parlent «d’entrer dans l’inconcevable».
Le dharma est une pensée antimétaphysique. Les bouddhas ne professent aucun principe, aucune doctrine, aucune vérité. Leurs discours et leurs méthodes ne sont que des dispositifs à même de nous faire pénétrer l’inconcevable.
Le dharma est un langage métaphorique. Le refus de toute vérité conduit les bouddhas à une autre forme de langage afin de pointer l’inconcevable au cœur même du conçu.
Mystique, antimétaphysique, métaphore : Il s’agit plus particulièrement des fils conducteurs des grands textes indiens du Grand Véhicule : Les Sūtras de la grande sagesse, le Sūtra de Vimalakīrti, le Sūtra du Lotus, etc. Leur lecture est inépuisable.
諸法不可得
滅一切戲論
無人亦無處
佛亦無所説
Les phénomènes sont insaisissables,
Toutes les élaborations mentales éteintes.
À quiconque et nulle part,
Le Bouddha n’a jamais rien enseigné.
(Nāgārjuna, Stances du Milieu, XXV, Le nirvāṇa)
Les premières lignes du livre
À bien des égards, les pages qui suivent prolongent et amplifient un bref passage d’un précédent livre qui se terminait par ces phrases : « En vérité, le bouddhisme n’existe pas. Ce n’est qu’un mot qui, pris trop au sérieux, devient source d’enjeux et d’affrontements. » Cette déclaration, trop vite soutenue, devait frayer son chemin. Je la sais déconcertante. Peut-on se revendiquer disciple du Bouddha et prétendre que le bouddhisme n’existe pas ? Au fil des pages, il nous faudra cependant conserver cette singulière mise en abyme, car une puissante conviction les anime : le dharma, l’enseignement du Bouddha, n’est lui-même qu’une magnifique mise en abyme.
La quatrième de couverture
Imaginez que vous gravissez les marches d’un escalier d’une très haute tour. À chaque palier, vous faites halte, et par l’embrasure de la fenêtre vous contemplez le paysage. Vous le savez identique, et pourtant à chaque nouveau regard le panorama s’élargit et vous en avez une autre vue, plus magnifique encore. Arrivé au sommet, vous découvrez enfin l’immensité de l’espace où seul le vent bat.
Ce livre est construit à l’image d’une telle ascension. Vous êtes convié à quitter le sol des idées reçues et à entreprendre une montée initiatique à la découverte du dharma, l’enseignement du Bouddha. À chaque palier, celui-ci se révèle plus vaste et plus radical que ce que vous croyez savoir de lui : ni doctrine, ni métaphysique, ni promesse. Jusqu’à ce que vous atteigniez l’ultime station, ce lieu mystique que les disciples du Bouddha appellent la fine pointe du Réel, espace de liberté.
Les principales recensions
– Le Journal de la philosophie, 8 décembre 2011, une émission de François Noudelmann (France Culture). Écouter le podcast.
– Le Monde des Religions, janvier-février 2012, une recension d’Alexis Lavis.
– Revue Esprit, février 2012, une recension de Jacques Scheuer. Lire la recension.
– Revue Études, avril 2012, une recension de Dennis Gira. Lire la recension.
Le bouddhisme n’existe pas, une conférence à la librairie Mollat (Bordeaux)
Il y a quelques semaines, j’étais à Bordeaux à la Librairie Mollat pour présenter le livre. Depuis de nombreuses années, Mollat accomplit un merveilleux travail pour faire connaître et aimer la littérature. J’ai été accueilli avec une rare délicatesse par les libraires. Ils m’avaient demandé de faire une causerie, je leur ai aussi proposé de faire une méditation. Ils ont accepté et j’ai donc conduit une méditation pour la centaine de personnes présentes. C’était merveilleux : pour ainsi dire personne n’avait d’expérience et, pourtant chacun des participants a joué le jeu de plonger dans l’inconcevable. L’un des libraires après me confia : «C’est étonnant, dans ce lieu où l’on ne fait que parler, j’ai pour la première fois entendu le silence.» Une expérience à renouveler sans modération. (Éric Rommeluère, repris de son blog, 28 avril 2012).
Écouter la conférence-débat donnée à la librairie Mollat le 13 mars 2012 (40 minutes).