La voie de l’éveil, la voie de l’action

Dans ce Refuge, nous suivons plus particulièrement le style de la tradition bouddhiste non sectaire nyohō (jap. «conforme au dharma») dans l’esprit du maître Jiun sonja (1718-1804, portrait ci-dessus) dont la lignée d’enseignements s’est partiellement transmise dans les écoles japonaises zen sōtō et shingon. Cette tradition privilégie les vertus de simplicité, d’humilité et d’abandon. Non sectaire, elle se réclame à la fois des anciennes règles de discipline monastiques et des instructions du Bouddha Śākyamuni telles qu’elles sont révélées dans les Écritures du Grand Véhicule. Elle transmet les trois refuges ainsi que les dix préceptes de bien (jap. jūzenkai) qui sont mis en valeur dans ces Écritures comme les entraînements spécifiques aux bodhisattvas.

Nous nous référons également au courant connu sous le nom de bouddhisme engagé. Incarné par des personnalités comme Thich Nhat Hanh, qui forgea cette expression dans le contexte de la guerre du Viêt-nam, ou le XIVe dalaï-lama, qui propose lui aussi un bouddhisme social, humaniste et non violent, ce courant exprime une position novatrice : un disciple du Bouddha doit s’engager activement dans la société civile afin de concrétiser un idéal de société juste et équitable.

Le grand silence

Toutes les personnes qui nous rejoignent dans ce Refuge sont invitées à vivre la vie d’un bouddha. On s’y exerce par la pratique du silence. Le silence est à la fois celui du corps, celui de la parole et celui de l’esprit. Le silence du corps est le plus aisé à accomplir. En méditation, il n’est plus besoin de bouger, de se moucher ou de s’éclaircir la gorge. Mais le silence n’est pas réservé à la seule assise. On s’y exerce, instant après instant, chacun s’applique à nettoyer son bol sans le racler, à marcher sans faire frotter ses vêtements, à reposer son coussin sans faire de bruit, etc. Il ne s’agit nullement de faire taire le corps par des jeux de contraintes ou d’empêchements. S’exercer au silence suppose une autre manière d’être qui apprécie et cultive l’attention, la délicatesse et la bienveillance. Le silence se nourrit de la lenteur. Le silence manifeste la dignité. Le silence du corps introduit inévitablement au silence des mots. Bien sûr, parler se révèle parfois nécessaire, mais chacun le fait d’une voix douce et bienveillante. Ce Refuge n’est pas un lieu pour bavarder ou discuter de ses opinions. Le silence de l’esprit, enfin, signifie ne plus rien juger, ne plus rien comparer et ne plus rien chercher.

Dans ce Refuge, tout doit concourir à préserver ce Grand silence.