Un célèbre poème du zen débute de la façon suivante : « Celui qui trébuche sur le sol doit encore prendre appui sur le sol pour se relever. »
Cette phrase est souvent commentée car il s’agit d’un enseignement fondamental du zen. Chaque jour, nous sommes confrontés à des difficultés diverses, certaines même pénibles à l’extrême. Et pourtant ces difficultés, même si nous trébuchons, n’en demeurent pas moins le sol de notre vie. Dans cette tradition du zen, l’exercice de la vie, ne consiste pas à fuir, à échapper à ses peines, mais à apprendre l’art délicat de s’appuyer sur le sol qui nous fait trébucher. On les accueille, non pour en en devenir un peu plus les esclaves, mais pour les accepter comme la matière même de notre être actuel. L’exercice consistera ensuite à les métamorphoser. Mais il nous faut tout d’abord reconnaître comme on ne peut jamais s’élever sans la terre.
L’expérience est très concrète dans la méditation. Car rien n’est jamais parfait, on ressent des tensions, des douleurs ici ou là, le mental divague, somnole, un flot ininterrompu de pensées se déverse. Souvent, pour le méditant qui débute, le corps et le mental apparaissent comme des obstacles insurmontables. On est parfois découragé, on arrête, comme s’il y avait une contradiction irrésolue entre ce que l’on voudrait vivre et ce que l’on vit réellement assis sur un coussin. Pourtant, il nous faut devenir habile, reconnaître ce corps et de ce mental comme les seules conditions de la tranquillité et de la joie. Sans corps, même tordu, sans mental, même indolent, aucune méditation n’est possible. La méditation est un art de la conversion.
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