J. me demande quelques précisions sur le baika. Le baika ou plus complètement baikaryū eisanka 梅花流詠讃歌, « Les psalmodies du style de la fleur de prunier », est un genre d’hymnes liturgiques très prisés aujourd’hui dans l’école zen sōtō. Des waka, poèmes de trente-et-un caractères, célébrant le Bouddha ou les fondateurs de l’école zen, sont chantés sur un ton monocorde, simplement accompagnés d’une clochette et d’un gong.

Ce style a été initié dans les années 1950 par Niwa Butsuan (1880-1955), un personnage contrasté, surnommé « le ventilateur » (senpūki 扇風機) par les moines du monastère d’Eiheiji. Il brassait, il brassait, dit-on… Butsuan fut notamment le cinquième abbé du temple de Tōkei’in près de la ville de Shizuoka et le directeur (kan’in) du monastère d’Eiheiji. Lors des premières réunions de préparation des cérémonies commémoratives du 700e anniversaire de la mort de Dōgen, Butsuan fit remarquer l’absence de chants religieux dans l’école sōtō et milita pour leur création. Comme il n’obtenait pas de réponse de la part des autorités de l’école sōtō, il mandata lui-même des compositeurs et des paroliers qui créèrent sous sa direction ce style dit baikaryū. Le nom de baika, « la fleur de prunier », fait directement référence au temple de Tōkei’in, célèbre pour ses champs de pruniers que viennent voir fleurir en février les habitants de Shizuoka.

Voici un récital de baikaryū (proposé par le bureau religieux de l’école sōtō de la préfecture de Mie, 8 minutes) :

Et ci-dessous, « The Charm of Singing Hymns (Baikaryu Eisanka) in Zen Buddhism », une explication détaillée par Okuma Shinryū sur le site de The Ho Center for Buddhist Studies at Stanford, Université de Stanford. (Anglais, 41 minutes) :